
Il me disait combien il était triste de n’être pas présent pour le jour de la rentrée scolaire, mais qu’il ferrait le maximum pour avoir une permission le plus rapidement possible pour me raconter son entrée sous les ordres (militaires). Ces classes se passaient bien et il était satisfait de pouvoir mettre en avant ses compétences de sportif. Il me parlait de ses entraînements, de ses apprentissages à la lutte à main nue, de ses gardes forcées en costume d’apparat. Une photo le représentant en tenu de militaire était jointe. Je regrettai de le voir sans sa belle chevelure dorée arrivant au bas du cou, mais du admettre que cette coupe de deux millimètres d’épaisseur lui apportait un certain charme aussi.
A la Toussaint, la rentrée des classes était déjà bien loin derrière moi, l’été encore plus. Maman et moi mirent des fleurs sur une plaque de marbre. Ce père que j’aurais temps souhaité converser avec, ne serrait se que quelques minutes, devait veiller sur nous de quelque part, comme une part d’invisibilité qui vous toucherait du bout du doigt.
Noël arriva très vite. J’étais impatiente de le voir arrivé, cette année plus que n’importe quelle autre. Mon Prince Charmant m’avait promis, le militaire le pourra-t-il ? Cette question, j’ai du me la poser plus d’une fois entre la fin de la semaine de vacances de la Toussaint et le début de celle de Noël. Je recevais des courriers de façon régulière. Sur l’enveloppe, il notait "Mademoiselle Alexa Parcimonie", ce qui me touchait encore plus. Je ne devais pas recevoir tant de courrier que cela, et ceux qui pouvait m’être destiné était bien souvent publicitaire. Vous saviez qu’une jeune fille pouvait être démarchée avant de devenir jeune femme, vous ?
Souvent, avec maman, nous envoyons un colis, avec un gâteau made in maman, mais aussi du café, le péché mignon du monsieur. Le voir si loin de moi me faisait mal au cœur, mais c’était une douleur acceptable avec ces échanges postaux.
L’annonce de quelques jours de sa présence dans la région, près de sa maman, ajouta quelques baumes à mon p’tit cœur de jeune fille en fleur. Ce n’était pas exactement pour Noël parce que ce n’était pas possible, les gradés restant militaires. Cela ne durerait pas tout à fait une semaine, mais cela faisait tout de même plus de trois jours. Il nous fallait prendre le train pour Annecy, chose innovante pour moi, mais cela nous permettrait de le voir. Cela me permettrait surtout d’être prise dans ces bras… Et de mettre les miens autour de son cou.
Alors, maman me fit une belle surprise : Elle s’arrangea pour rester quelques jours à Annecy en trouvant un p’tit hôtel ou dormir durant deux nuits.
Alors, mon cœur pouvait battre la chamade. Alors, mes nuits pouvaient être blanches, mon appétit celui d'un petit moineau, mes pensées s'envoler au dessus des nuages de la réalité, mon attention d'écoliere ailleurs que concentrées sur les devoirs.

