jeudi 23 avril 2009

Un autre lieu, une autre vie (2)


Et me voilà en train de me voir marcher, assise sur une selle. Drôle de sensation les premières minutes, mais je m’habituai très rapidement.

Laurence était « une grande » pour moi, à l’époque. Nous n’avions de trois années d’écart. Mais j’étais encore une fillette, elle était déjà une jeune femme. Nous apprîmes rapidement à nous connaître. Elle la brune au cheveux coupés assez court, moi la blonde à la queue de cheval. Tout au long du mois d’août, j’aidais maman le matin et, comme pour me remercier, elle me laissait aller au centre équestre pratiquement toutes les après midi.

Du poney, je passai rapidement au cheval. Des entraînements de maintiens dans le cirque au petites ballades en compagnie de Laurence et d’autres grandes personnes que je ne connaissais que de vu. Les sentiers étaient nombreux, les ballades pouvaient durer une heure comme une demi journée. A travers la foret, les chemins tracés ne posaient jamais de soucis pour le cheval. Pas de ballade compliqué avec forte pente ou sauts d’obstacles. Juste des ballades en foret, ou admirer la vue se faisait au pas.

Laurence me fit ainsi connaître l’environnement de cette nouvelle habitation. Je me devais de laisser derrière moi ma vie de fille des villes pour aborder celle de fille de la campagne. Passé d’habitudes liées à la proximité de cinéma, théâtre, centre culturel, même mon école ou le supermarché était à deux pas. Ici, rien ne se faisait sans faire quelques kilomètres à pieds ou au mieux à cheval.

La Motte Servolex a son école, son collège, ses commerces, mais pour aller travailler la plus part des habitants ont un véhicule. Bon nombre travail à Chambéry, situé à une dizaine de kilomètre. Maman n’avait pas le permis de conduire. A Annecy, elle avait du laisser son emploi de services à domiciles avec le déménagement. Ce qui m’étonna un peu, c’est qu’elle n’avait pas l’air de se faire de soucis pour cela, durant cet été là.

A treize ans, Laurence avait déjà un petit copain. Il passait la voir de temps à autres, en fin de journée, lors du nettoyage des chevaux. Ils allaient ensemble dans l’un des box vides, une fois le travail terminé. Une fois, par curiosité, je les ais suivi. Dans un coin en pénombre, je me suis caché, je voulais les observer. Eux se cachaient dans un angle du box, pour s’embrasser sur la bouche, en échangeant leurs langues ou presque. Restant debout l’un en face de l’autre, la main de l’autre sur une épaule. A l’age de dix ans, je devais trouver cela un peu ragoûtant… Le garçon devait être âgé de treize ou quatorze ans, pas plus. Finalement, cela restait très sage. Vu de façon assez régulière, je ne lui trouvais pas forcément de charme, mais Laurence me confia lors d’une sortie en binôme que la beauté de ce garçon était surtout à l’intérieur.

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